Portrait de Siaolane BEAUFORT

Groupe 1248
Siaolane

Siaolane BEAUFORT, mère de 2 enfants, agent communal, associée de l’entreprise Déco Flowers, et jeune diplômée s’est confiée à nous dans le dernier numéro du SinnaMAG. Découvrez son portrait en exclusivité.

Je me définis comme étant une warrior, une battante, quelqu’un qui ne va jamais se laisser abattre. Même si je n’arrive pas à faire quelque chose d’une certaine façon, je vais trouver un moyen d’arriver à mes fins, sans écraser quiconque sur mon passage.

Quel est votre parcours ?

Pour résumer mon parcours scolaire, j’ai fait un bac STT (Sciences des Technologies Tertiaires option informatique et gestion). J’ai commencé un BTS assistante de gestion PMI/PME, que je n’ai pas terminé parce que je ne me retrouvais pas dans ce que je faisais. J’ai décidé de me reconvertir dans l’agriculture parce que c’est ce que j’ai toujours voulu faire. J’ai obtenu un Certificat de Spécialisation « Tourisme vert – Accueil animation en milieu rural » (niveau bac), mais qui ne me donnait pas ce qu’on appelle la capacité agricole, pour avoir accès au foncier. A l’époque j’étais très déçue, car il s’agit d’un diplôme délivré par la DAAF.

Je me suis lancée dans le monde du travail, à OKA Formation pendant un an et demi, en tant que formatrice en français et mathématiques pour des primo arrivants et des personnes qui souhaitaient reprendre les bases.

En 2006, je suis devenue maman et j’ai fait le choix de m’arrêter 3 ans, pour prendre pleinement mon nouveau rôle de mère et m’occuper de ma fille à temps complet.

Quand elle est entrée à l’école, j’ai décidé de me remettre sur le marché du travail. J’ai eu des opportunités à Cayenne et à Kourou, mais avec un enfant, ça me paraissait compliqué à gérer. J’ai donc tout fait pour trouver un emploi à Sinnamary.

En 2011, j’ai été contactée par la Commune de Sinnamary, qui avait pour ambition de recréer le service environnement. C’est ainsi que j’ai intégré la collectivité, en tant que chargée d’accueil à la Maison de la Nature. Je suis restée 2 ans à ce poste et ensuite on m’a proposé de devenir responsable du service environnement, puisque mon prédécesseur M. JEAN ZEPHYRIN avait eu une promotion de Directeur des Services Techniques.

Comment avez-vous vécu cette nouvelle fonction ?

Au début, ce n’était pas facile, car le service environnement comptait 7 équipes et j’étais seule à gérer l’organisation : faire le planning chaque matin et l’afficher avant 7h, manager entre 28 et 30 agents. Dans cette nouvelle fonction de manager que je découvrais, il y a eu des hauts et des bas.

En tant que femme dans un univers d’hommes, ce n’est pas facile de s’imposer. L’intégration est beaucoup plus difficile.

Il faut faire deux fois plus ses preuves, montrer deux fois plus que tu travailles. Nous sommes tout le temps mises à l’épreuve. J’ai eu droit à des remarques sexistes et parfois j’étais au bord des larmes dans mon bureau. Certains m’ont fait douter, mais ça m’a forgée. C’est ce doute qui m’a permis d’être encore plus battante, plus forte, d’aller chercher ce que je souhaitais.

Au fur et à mesure, j’ai pris ma petite place. Je pense avoir poussé l’admiration et le respect de mes collègues. Aujourd’hui c’est un challenge au quotidien.

Le service environnement a été remanié et je suis actuellement la responsable adjointe du nouveau service Cadre de vie, qui englobe les espaces verts, la propreté de la ville et l’aménagement paysager.

Je me consacre essentiellement au management et au montage de projet, en fonction de la vision politique des élus. En ce moment, je suis focalisée sur le concours « Villes et villages fleuris » pour lequel la Commune a candidaté. Ce concours nous permettra de savoir où on se situe pour travailler sur de futurs projets et améliorer l’existant.

J’ai toujours eu une certaine sensibilité pour l’art floral, qui me vient en grande partie de ma maman.

Quels ont été vos plus beaux challenges ?

En 2018, j’ai repris mes études pour passer le CAP fleuriste. L’objectif était de légitimer ma passion et savoir si j’étais vraiment faite pour ça.  Mes premières notes étaient excellentes, avec une moyenne de 17 sur 20. Cette formation avec l’organisme Naturadis était programmée sur 3 ans, mais je suis quelqu’un de très compacte avec un rythme accéléré. Je l’ai donc tentée sur un an et finalement je l’ai achevée en 7 mois. J’avais déjà une certaine maîtrise grâce à tout ce que j’avais vu et lu auparavant. Et surtout grâce à ma rencontre avec Nelly, une fleuriste de Kourou, qui a accepté de m’accueillir tous les mercredis. Après ma journée de travail aux Services techniques, je me rendais à Kourou dans sa boutique pour perfectionner mes bases.

J’ai su que j’étais faite pour ça quand elle m’a demandé de confectionner un bouquet rond, alors que je n’en avais jamais fait. Elle était bluffée par le résultat et m’a vraiment incitée à poursuivre mes études.

Malheureusement, le diplôme n’existe pas en Guyane et mon inscription aux examens a été un parcours du combattant. J’ai pu arriver à mes fins en m’inscrivant au lycée Pernock Joseph de la Martinique, notamment grâce à M. et Mme PANCARTE, que je ne remercierai jamais assez pour leur aide.

Comment conciliez-vous vie de famille, travail, entreprenariat et études?

Mes enfants étaient surpris par mon choix de « retourner à l’école ».

Aujourd’hui je sais que je pousse l’admiration de mes enfants et pour moi ça a été une fierté d’obtenir mon CAP Fleuriste, aux côtés de ma fille qui recevait son Brevet des collèges avec mention Très bien. Cette année, elle m’a accompagnée pour récupérer le Bac pro « Conduite de production horticole ». J’ai pris goût aux études et aujourd’hui je veux tenter le BTS, dans l’optique d’une reconversion professionnelle.

Je prie beaucoup et je mets ma foi entre les mains de Dieu pour m’aider à concilier vie familiale, vie professionnelle et vie scolaire.

Les journées sont très longues, fatigantes parfois mais quand on a un objectif à atteindre, c’est secondaire.

En revanche, il ne faut laisser personne sur le bord de la route : les enfants, le conjoint, l’entourage. C’est devenu un projet de famille car seule j’irai vite mais pas très loin.

Mon entreprise actuelle, Deco Flowers a été créée il y a un an avec un associé. C’est un concept de pépiniériste, fleuriste et décorateur d’événementiel. La partie pépiniériste est en cours de développement car il faut un peu plus de foncier. Je suis beaucoup plus sollicitée pour tout ce qui a trait aux fleurs et à la décoration.

Je crée tous mes décors pour qu’ils ne soient jamais identiques.

J’aime beaucoup travailler les tissus, les fleurs en mêlant le tout à de la lumière. Je fais évoluer mon style en fonction des tendances et de la demande des clients. Quand on entend les « Whaou » face à notre travail, les félicitations, c’est un véritable sentiment de satisfaction et c’est ce qui nourrit ma détermination.

 

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